La sobriété heureuse, vivre avec moins pour vivre mieux.
Mon expérience à l'éco-hameau du Ruisseau.
La sobriété est une option heureuse qui produit une vie allégée, tranquille et libre. Le bonheur n’est pas dans la possession, dans l’avoir, mais dans l’être. Et il faut nourrir son cœur autant que son corps ! C’est avec ces quelques mots de Pierre Rabhi* que commence le témoignage de mon expérience de sobriété heureuse à l’éco-hameau du Ruisseau en Loire-Atlantique.
*Extrait de l’interview de Pierre Rabhi pour la revue L’Éléphant 10/2014.
Un modèle de société inapproprié
Notre modèle de société se révèle inapproprié pour permettre à chaque être humain de vivre de l’abondance que nous offre la planète. La recherche du profit et de toujours plus de confort, nous déconnecte de nos besoins fondamentaux. Si bien, que certains d’entre nous sont persuadés que le bonheur réside dans l’accumulation de biens et de richesses matériels.
Au cours de son histoire, l’homme a oublié qu’il était, au même titre que la faune et la flore, un élément vivant parmi les autres. Il s’est imaginé le centre de l’Univers et supérieur à tous les organismes vivants sur notre planète. Il en a oublié le respect élémentaire et fondamental des différentes espèces qui peuplent la Terre. Son manque d’humilité risque de coûter cher à l’humanité toute entière.
Pourquoi, alors que notre Terre-Mère est capable de subvenir aux besoins fondamentaux de chacun de ses habitants, tant de gens n’ont pas le minimum vital ?
À l’échelle planétaire, nous vivons à crédit dès le mois d’août de chaque année et épuisons nos ressources naturelles. Il faudrait donc un arrêt complet de nos activités durant cinq mois de l’année pour permettre à la Terre de se régénérer. L’expérience de confinement que nous venons de vivre, nous a donné un aperçu de ce à quoi ça peut ressembler. Je ne sais pas comment vous l’avez vécue, mais moi, j’ai senti que je respirais mieux, et la nature aussi !
Quel est l'avenir de l'espèce humaine ?
Avec mes questions existentielles, il m’est souvent arrivé d’avoir la sensation de marcher sur la tête ! Notre présence sur Terre se résume-t’elle à consommer et à accumuler ? Quel est l’avenir de l’humanité ? Et si l’homme était responsable de son déclin ? Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une civilisation viendrait à s’éteindre. D’ailleurs, la planète ne se porterait-elle pas mieux sans nous ?
Il me semble que la plupart d’entre nous réfléchit à l’échelle de sa vie et ne se soucie pas de ce qui se passera après lui. Alors, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour reprendre ma responsabilité d’habitante de la planète. Comment pouvais-je agir avec respect et humilité et vivre en harmonie avec la nature ?
Vers une sobriété consciente et heureuse
Mes premières actions de sobriété se sont portées sur ma consommation d’eau et d’électricité. J’ai été vigilante à mieux les contrôler et à éviter le gaspillage. Puis j’ai posé mon attention sur la gestion de mes déchets. Observer le contenu de ma poubelle a été une révélation, un choc ! J’y ai vu la surconsommation et… du plastique, beaucoup de plastique.
J’avais donc fait mes premiers pas vers une vie plus responsable et plus écologique. Mais très vite, la réalité m’a rattrapée. C’était loin d’être suffisant, tout juste de quoi me donner bonne conscience.
Puis, j’ai découvert le travail de Pierre RABHI, son mouvement Colibris et les Oasis en Tous Lieux. Il démontre que la solution à nos problématiques sociétales et écologiques se trouve dans une sobriété heureuse, de celle qui est choisie et pas subie.
L’envie de vivre dans une Oasis et de participer à la co-création d’un éco-village est devenue au fil du temps une évidence, un besoin impérieux et vital. En questionnant ce désir, j’ai découvert qu’au-delà de mener une existence plus simple et naturelle, j’avais aussi un profond besoin de retrouver les valeurs humaines chères à mes grands-parents. Des valeurs de convivialité, de partage, de transmission, d’entraide et de coopération.
C’est ainsi qu’en début de cette année (nous sommes en 2020), après avoir vu un documentaire sur la chaîne Ushuaïa, j’ai découvert l’existence de l’éco-hameau du Ruisseau en Loire-Atlantique. C’est sans hésitation et avec enthousiasme que j’ai alors rempli mon inscription pour le séminaire prévu en juillet.
Une reconnexion à soi et à son environnement
C’est donc le lundi 13 juillet 2020, accompagnée d’une amie, que je prends la direction de Moisdon-la-Rivière. J’y fais alors la connaissance de Brigitte et Patrick Baronnet, les fondateurs du hameau, ainsi que de Cécile, Olivier et Terra qui les ont rejoints il y a 8 ans. Je rencontre également les autres participants. Au total, nous sommes dix-huit, tous venus d’horizons différents, mais avec un désir commun de vivre autrement.
L’équipe nous a concocté un programme passionnant et dense. Tous ont à cœur de nous transmettre leurs connaissances et leur expérience pour nous permettre d’avancer sur notre chemin vers une vie plus simple et plus heureuse. Les journées vont se succéder au rythme soutenu des ateliers théoriques et pratiques, des repas, du travail en groupe, du soin de soi et des célébrations.
Le lieu est magnifique et je me sens tout de suite à ma place, en connexion avec la nature. Ici, l’autonomie énergétique en eau et en électricité n’est pas une utopie.
Au fil du temps, chacun des habitants du hameau a apporté des solutions aux problèmes rencontrés. Chacun s’est formé aux différentes techniques lui permettant d’atteindre son objectif d’être autonome.
L’eau pour la douche, pour la vaisselle, et même l’eau de boisson vient du ciel ! Elle est recueillie, filtrée et stockée dans un système de citernes. Patrick nous expliquera que lorsqu’elle vient à manquer, c’est l’eau du puits qui prend le relais via une pompe actionnée par une petite éolienne.
Quant à l’électricité, elle est fournie par le soleil à travers des panneaux et stockée dans des batteries. Là encore, quand le soleil se fait pâle, c’est une éolienne qui prend le relais. Tout nous sera expliqué avec précision et pédagogie par Olivier.
Et c’est avec l’atelier pratique de Terra que nous allons découvrir les différentes étapes et techniques d’une construction en terre crue. Suivi d’une visite de son Habiterre, sa maison entièrement faite de terre et de paille.
Le vent, l’eau, le soleil… Cette observation de la nature est venue m’apporter un éclairage nouveau sur l’étude du Feng Shui que j’ai entrepris depuis plusieurs mois.
Découverte de la permaculture
Quand on entend parler de permaculture, on pense tout de suite à une technique de jardinage qui serait réservée aux initiés. En réalité, c’est là encore l’observation de la nature et de la simplicité en toute chose qui priment. Le respect des saisons est au cœur de cette pratique. Ainsi que le respect de la faune, de la flore, des orientations cardinales pour savoir où, comment et quoi planter.
Mais la permaculture ça ne se passe pas uniquement au jardin ; c’est aussi la culture des relations humaines. Et au Hameau, c’est Cécile la spécialiste de ces questions. Cette ancienne coordinatrice et formatrice d’animateurs/éducateurs pour enfants a changé de vie il y a 8 ans. Avec son conjoint, Olivier et leurs deux enfants, elle a rejoint le hameau, et s’est installée dans une yourte. Cette famille a alors répondu à un profond besoin d’authenticité, de simplicité et d’intégrité.
Prendre soin de l'humain et de la planète
C’est avec passion, et la bonne humeur qui la caractérise que Cécile va nous guider sur le chemin du vivre et faire ensemble. Pour cela, elle s’appuie sur les outils de la Communication Non Violente (entre autres). Elle nous amène à découvrir les différents modes de gouvernance indispensable à la vie en collectivité. Et puisqu’elle l’expérimente avec ses enfants, elle est aussi la mieux placée pour nous parler de l‘Éducation en Famille.
Prendre soin de l’humain passe aussi par une alimentation saine, respectueuse du corps et de nos besoins énergétiques. Et c’est avec Brigitte que nous allons découvrir et expérimenter une nouvelle alimentation à base d’huiles, de graines germées, de fleurs, d’algues, de céréales, de légumineuses et de légumes crus ou mi-cuits. Les repas partagés près de la Maison 3E vont se dérouler dans la joie, nourris par la curiosité et les conversations passionnantes.
Si vous vous rendez à l’éco-hameau du Ruisseau, vous pousserez la porte du Zome. Son architecture étonnante doit sa forme et sa puissante énergie à l’utilisation du nombre d’or. Ici, on prend soin de son corps, de son esprit et de son âme avec des pratiques comme le yoga ou le Chi Kung. C’est un lieu sacré, un endroit de ressourcement, où l’énergie est à la fois apaisante et dynamisante.
Aussi magique soit le Zome, mon coup de cœur est allé au jardin Mandala ! Créé selon les principes des peuples premiers et de la culture Amérindienne, j’ai été impressionnée par son organisation, émerveillée et touchée par tant de beauté.
– ANECDOTE –
De retour à la maison, et après une semaine d’utilisation des toilettes sèches, tirer la chasse d’eau est un geste devenu difficile et contre-nature.
Conclusion
Ce témoignage n’a pas vocation à vous décrire dans le détail mon expérience lors de ce séminaire. Pour cela, il faudrait y consacrer un livre entier !
Ma motivation a été de vous partager ce qui m’avait conduit jusqu’à l’éco-hameau du Ruisseau et ce que j’y avais trouvé. J’en suis revenue transformée, nourrie du sentiment profond que la liberté, le bonheur la vie tout simplement ressemblent à ce que j’ai vécu durant cette semaine.
J’ai acquis la conscience que notre destin est intrinsèquement lié à la bonne santé de notre planète, et qu’il se trouve entre nos mains.
Alors, n’attendons pas que d’autres prennent des décisions à notre place, ne déléguons pas notre pouvoir. Et comme l’a dit Gandhi :
« Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ».
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